Ailleurs et au-delà, il faut se lancer, par morale personnelle et par amour de l'humanité ; rendre concrète la notion de Fraternité, faire l'expérience de la nécessité de l'autre sans attendre une action politique globale, sans espérer qu'un pays ou un autre ouvre la voie. Sans attendre que le nécessaire devienne possible. Sans escompter recevoir, sans parier sur sa réciprocité, pratiquer soi-même la Fraternité. Autrement dit: donner sans espoir de retour. Prendre plaisir à faire plaisir. Trouver de l'intérêt à l'autre. Sourire à l'inconnu dans la rue. Aider sans attendre un merci. Faire rire les enfants, leur raconter des histoires. Recevoir les amis de ses amis. Se comporter avec les faibles comme leur grand frère ou leur grande sœur. Etre curieux de l'étranger. Respecter le désir de l'autre d'être seul. Se préparer à son ingratitude. Savoir qu'il n'est de pire ennemi que l'obligé qui s'empresse de se brouiller avec celui qui l'a aidé pour se prouver à lui-même que l'autre n'y a été pour rien. Considérer, tout simplement que c'est un privilège que d'être en situation de pouvoir se rendre utile.
Il n'y a pas de Fraternité sans lucidité tranquille, sans force d'âme. Au début, cela écarte du chemin des autres. C'est normal : tout rêveur se tient à l'écart. Jusqu'à ce qu'il entraîne les autres à rêver à leur tour.
A vous
Maintenant c'est à vous de prouver que vous pouvez sourire au sourire de l'autre et ne pas vous résigner à la tristesse du monde, que le bonheur ne se résume pas au fait de se réjouir d'avoir échappé aux infortunes d'autrui.
A vous de réaliser que la perfection n'est que légèrement plus difficile à atteindre que la médiocrité.
A vous de ressentir qu'il existe certainement quelque part au moins une personne dont le but dans la vie est de vous rendre heureux. Ne la cherchez pas : elle vous trouvera.
A vous d'apprendre à traiter chaque être humain comme s'il était le Dieu dont dépend votre salut.
A vous de comprendre que la Fraternité n'est pas un rêve naïf, ni un discours de secte, mais la seule voie réaliste de survie de l'espèce à laquelle vous appartenez.
Imaginez, rêvez, prenez des risques. Transformez la Fraternité en pratique. Sans l'attendre des autres.
Donnez-vous une fois l'occasion, au moins une fois par jour de susciter un sourire, d'accueillir, d'être anonymement généreux, sans esprit de retour.
Ne serait-ce que vous vous convaincre qu'il reste en vous une étincelle d'humanité.
Jacques Attali in Fraternités Fayard 1999
C'est en effet une belle approche des choses. Il est comme cela des choses simples qui rendent heureux et permettent de communiquer un peu de son bonheur aux autres. La pratique des vertus diraient certains. Un texte à se remémorer chaque jour...
Rédigé par : Manuel Diaz | 04 décembre 2006 à 15:40
Tout à fait patron ;)
Rédigé par : Charles Nouÿrit | 04 décembre 2006 à 16:39
Et hop, encore un fan de Jacques !
Je le vois bientôt autour d'un verre et lui passerai ton bonjour, je sais qu'il appréciera !!
Rédigé par : Cath | 05 décembre 2006 à 17:56
... enfin j'espère ;)
Rédigé par : Cath | 05 décembre 2006 à 18:01
S'il vient flâner ici, par la grâce de toutes les providences qui font notre destinée, prendra-t'il ça comme un appel de détreSOSe de mon gosier assoiffé ?
Rédigé par : Cath | 05 décembre 2006 à 18:04
C'est fait... :)
JA dit et redit, encore et toujours, ce que d'aucuns pensent et pratiquent au plus profond d'eux-mêmes. Hommes et femmes de bonne volonté, composant à petits pas les éléments d'une vie meilleure qui ne peut être réalisé sans l'autre...
Alors, qui remercier ici, Jacques l'écrivain et homme de droit ou Carlito rapporteur de talent, et homme de droit sans aucun doute possible ?
Rédigé par : Cath | 05 décembre 2006 à 20:54
Réhabilitons le calendrier Républicain
aujourd’hui nous sommes :
Ajonc, Sextidi, 16 Frimaire an 215
amicalement
xavier
Rédigé par : copper | 06 décembre 2006 à 11:23
JA prolonge les mots de St Ex : "Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m'enrichis"... ma baseline.
Rédigé par : mry | 06 décembre 2006 à 16:51
c'est vrai, c'est beau, c'est bien de resortir ce texte à la veille de la nouvelle année. ça fait de jolis voeux.
merci.
pas sûr que ça ne tourne à la même cadence que le questionnaire de la page 18.
et pourquoi pas ?...
Rédigé par : bv | 07 décembre 2006 à 05:13
Même au bureau ? :-)
Rédigé par : marsha | 10 décembre 2006 à 23:08