Un site de rencontres en ligne ne pouvait rêver meilleure date pour divulguer ses résultats. Mardi, veille de Saint-Valentin, Meetic a fait virer les marchés au rose bonbon en présentant son bilan 2006. Le leader européen et deuxième mondial après l'américain Match.com a annoncé une très forte hausse de son chiffre d'affaires à 79 millions d'euros, (+ 83 %) et une croissance non moins soutenue de ses abonnés dans les 16 pays où il est présent (Brésil, Chine et 14 pays européens). Basée à Boulogne-Billancourt, cette PME qui emploie 330 personnes comptait fin décembre plus de 426 000 abonnés, soit un quasi-doublement en un an de ses «profils» à la recherche de l'âme soeur en ligne.
Un parcours sans faute dont Marc Simoncini, PDG et fondateur de Meetic en 2002 après avoir déjà fait fortune dans les portails en ligne avant l'explosion de la bulle , est le premier à s'étonner. «En 2003, Match.com était trente fois plus gros que nous, aujourd'hui on est juste trois fois plus petits», explique-t-il en annonçant son intention d'implanter «un jour» Meetic sur les terres américaines du numéro un mondial de la rencontre en ligne. Un rattrapage que le glouton Meetic doit aussi au rachat de quatre sites depuis un an, dont le leader anglais DatingDirect fin janvier pour 41,4 millions d'euros.
Pour s'imposer dans son pré carré européen, Meetic a d'abord appliqué la méthode des boîtes de nuit : les hommes payent alors que les femmes peuvent s'inscrire gratuitement sur le site et fidéliser ainsi le public masculin. La bonne équation économique quand on sait qu'à ses débuts, Meetic attirait trois hommes pour une femme. Et qu'il fallait rassurer des investisseurs traumatisés par l'éclatement de la bulle en assurant des recettes.
«Révolution culturelle». Une stratégie qui a fonctionné au-delà des attentes puisqu'en trois ans, la clientèle féminine n'a cessé de croître au point de représenter aujourd'hui 50 % des abonnés du site. «C'est une révolution culturelle d'une rapidité inimaginable quand on se rappelle les débuts de la drague sur Minitel, s'enflamme Simoncini. En quelques années, la rencontre en ligne s'est tellement banalisée qu'elle est devenue aussi féminine que masculine.» Du coup, Meetic a décidé de faire également payer les femmes. Dans la version «2.0» du site, annoncée pour la fin du mois, les nouvelles options comme l'appel téléphonique (sans affichage du numéro) ou la visiophonie seront facturées pour elle comme pour lui, avec l'objectif de faire augmenter un revenu moyen par abonné de 16,66 euros par mois en 2006.
Export. Meetic a également apporté la preuve de sa capacité à exporter sa vision «européenne et latine», dixit son fondateur, des choses de l'amour en ligne. «Les rencontres sur Meetic sont libres, on peut se parler en direct, entre abonnés de différents pays, explique Simoncini. C'est très différent de la vision américaine d'un Match qui, malgré tout son argent, n'arrive pas à percer en Europe pour des raisons notamment culturelles.» Né au Texas, présent dans 32 pays et traduit en 18 langues, ce site a transposé sur la Toile le concept très américain de date («rendez-vous»). En matchant («croisant») les profils de ses abonnés, le site promet d'optimiser nos chances de découvrir le grand amour en ligne...
Parti le premier en Europe, débarqué avant Match en Chine, le patron de Meetic veut croire qu'il réussira à implanter un peu partout dans le monde son alternative au rouleau compresseur américain. «Ce serait pas mal. Une sorte d'exception sur le Net.»
Via Libération
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