Découverte du Château d'If à Marseille

Autant je vais dans le Sud depuis tout petit, autant je n'avais jamais eu l'occasion de visiter le Château d'If. Voilà un manque comblé ce week-end par un temps radieux avec 20°C, un pur bonheur...

Alors pour la petite histoire le Château d'If a été rendu célèbre par Alexandre Dumas qui y enferma son héros, Edmond Dantès, dans le Comte de Monte-Cristo que vous avez certainement lu ;)

Mais dans les fait, en 1516, François 1er, roi de France, s'arrête à Marseille après la victoire de Marignan. De l'île d'If, il peut étudier les défenses de la ville pour constater que rien ne la protège contre l'invasion. Il ordonne alors la construction d'une forteresse sur l'île. Huit ans après, les troupes de Charles Quint tentent d'assiéger Marseille toujours sans défense. Le commissaire du roi Mirandal réussit à repousser les assaillants mais cette épisode montre l'urgence de fortifier l'entrée de la ville. La même année en, en 1524, les premiers murs du château sont montés pour protéger l'accès du port.
Les Marseillais n'apprécient alors guère la forteresse qu'ils surnomment "l'importune voisine" et, lorsque 200 soldats et 22 pièces d'artillerie sont placés sur l'île, ils ne cessent de contester l'existence du château, symbole pour eux de la présence du pouvoir central sur leur territoire.
Marseille, annexée à la France en 1481, a en effet gardé le privilège de pouvoir assurer elle-même sa défense. C'est pourquoi de nombreux conflits ont lieu lors de l'édification du Château d'If.
La construction du château se termine en juillet 1531 et lorsque Charles Quint vient en personne attaqué Marseille en 1536, il se heurte à la forteresse, échouant ainsi dans son offensive.

Cependant le Château d'If est surtout connu pour sa fonction carcérale qui a débuté seulement quelques années après la fin de sa construction, au milieu du XVIème siècle. La situation géographique du château et son architecture en faisaient une prison idéale d'où il semblait impossible de s'échapper. Il fallait surtout occuper le château, qui, par sa force de dissuasion, ne fut jamais attaqué.
Le premier prisonnier fut vraisemblablement le Chevalier Anselme en 1580, accusé de complot contre la monarchie. Il est mort étranglé dans sa cellule.
Après les opposant au pouvoir royal, les cellules ont abrité de nombreux protestants, incarcérés à If après la révocation de l'édit de Nantes.
3 500 protestants, dont Jean Serres et Elie Neau, y ont été enfermé en 2 siècles.

Des Fils de famille ont également été incarcéré sur lettre de cachet à If.
Ce fut le cas de Mirabeau enfermé en 1774 à la demande de son père. Son séjour a été agréable, il avait loué une pistole ("Chambres passables" situées au 1er étage, spacieuse, avec cheminées et fenêtres payantes. Les cachots abritaient les plus démunis et ne comportaient  ni fenêtre, ni commodités), amadoué le commandant-major et séduit la cantinière. Le château d'If a également enfermé Jean-Baptiste Chataud, capitaine du Grand Saint-Antoine, responsable de la peste de Marseille en 1720.

Peu de prisonniers ont été incarcérés au château d'If pendant la Révolution française.
Le général Kléber est le dernier prisonnier célébre, mais c'est une fois mort - assassiné au Caire en 1800 - qu'il a été rapatrié en France. Son cercueil est resté 18 ans au château d'If sur Ordre de Napoléon.
A la suite des émeutes de 1848, 120 personnes y furent enfermées. L'inscription "hôtel du peuple souvrain" qui figure au dessus de l'ancienne porte d'accès à la cour, date de cette époque.
304 opposants républicains furent entassés à If après le coup d'état du 2 décembre 1852, en attendant leur déportation vers Alger et la Guyanne.
En 1870, lors de la chute du Second Empire, l'opposition républicaine connut une vive répression. Après l'annonce de l'indépendance de Paris, Gaston Crémieux prit la tête d'un mouvement qui s'empara de la préfecture et du préfet. Les combattants furent arrêtés par l'armée, la Commune écrasée et Gaston Crémieux envoyé à If. Il fut fusillé en 1871.

Petite particularité du site :

En 1513, un rhinocéros d'Asie est offert au roi du Portugal, Emmanuel le Magnifique, par le roi de Guzarat, royaume d'Inde.
Désireux d'offrir à son tour l'animal, le roi du Portugal décide d'en faire don au pape Léon X. La bête part alors de Lisbonne pour aller à Rome et fait une escale à Marseille sur l'Ile d'If en 1516.
Cet animal, alors totalement inconnu en Europe, suscita la curiosité des Marseillais et celle de François 1er venu l'admirer après son retour de Marignan.
L'animal y est resté quelques semaines pour ensuite repartir vers Rome. Mais c'est empaillé qu'il fut offert au pape, car après avoir subi une violente tempête qui précipita le navire sur les récifs du golfe de Gênes.